Quand la notoriété joue de mauvais tour aux amateurs d'Art...

Publié le par Dura Lex Sed Lex

LAMBALLE (Côtes d'Armor) (AFP) - Le musée consacré au peintre Mathurin Méheut à Lamballe va rendre 5.000 oeuvres, données il y a plus de trente ans par la veuve de l'artiste, à ses héritiers qui s'estiment lésés car la cote du peintre breton n'a cessé depuis de monter sur le marché de l'art.

Après plusieurs années de procédure, une conciliation a été trouvée entre l'association des amis de Mathurin Méheut (1882-1958) qui gère le musée et les héritiers, deux petits-fils et un arrière petit-fils de l'artiste: le musée, qui possède 10.000 dessins, surtout des esquisses et des ébauches, en conservera 5.000, jugés les plus importants, et rendra les 5.000 autres à la famille cet été.

Ces oeuvres ont été données de 1962 à 1972 au musée de Lamballe par l'épouse et la fille, Maryvonne, de Mathurin Méheut, dessinateur et aquarelliste qui fut peintre officiel de la Marine et a croqué dans son oeuvre, parfois quasi-documentaire, une Bretagne "des travaux et des jours" aujourd'hui disparue.

Mais, depuis ces dons, la cote du peintre, longtemps considéré comme un petit maître "régionaliste", n'a cessé de grimper et ses dessins se vendent aujourd'hui entre 300 et 2.000 euros, d'après Philippe Jamault, expert en peinture bretonne.

Cette valorisation imprévue de l'oeuvre du peintre a incité en 2002, dix ans après le décès de Maryvonne Méheut, les héritiers à contester des dons désormais supérieurs aux 25% de la valeur globale d'un héritage que l'on peut légalement léguer à un tiers.

Les 10.000 dessins du peintre, à la base de la création du musée, constituent "la plus grosse partie du fond", rappelle Geoffroy de Longuemar, vice-président de l'association des amis de Mathurin Méheut. Il n'en veut pourtant pas à la famille: "Elle a cherché à faire appliquer la loi, mais a en même temps été prête à concéder une partie de ces oeuvres car elle estime essentiel que le musée subsiste".

Xavier Salmon, de l'Inspection générale des musées, salue lui aussi la bonne volonté de la famille car le choix des oeuvres qui restent au musée permet de "mettre en valeur l'oeuvre de Mathurin Méheut au delà de sa dimension bretonne".

Plus réservée, Evelyne Schmitt-Marchal, de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bretagne, juge l'affaire "surprenante" dans la mesure où c'est le musée de Lamballe qui "a contribué à valoriser la collection et à faire connaître l'artiste".

Quand elle en prendra possession cet été, la famille, qui n'a pas souhaité s'exprimer, aura la possibilité de vendre des dessins. "C'est à eux de décider", commente Geoffroy de Longuemar, mais "s'il y a une vente, nous allons essayer de rassembler des fonds" en vue d'acquérir certaines oeuvres.

Malgré la perte des 5.000 dessins, le musée compte s'agrandir dans les années à venir grâce à la notoriété croissante de Mathurin Méheut. En attendant, il propose, avec le musée de Morlaix, une rétrospective à l'occasion du cinquantenaire de la mort de l'artiste.

Source : AFP du 20 juin 2008

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